Le désordre des jours

Publié par : O.GUERREST

Comme des milliers de Français de sa génération, Julien Venargues, jeune journaliste, est appelé à servir en Algérie. Il y découvre des terres brûlantes, la guerre, le terrorisme, des êtres vivant entre la terreur et l'espoir, des militaires aussi emplis de fougue que d'amertume ou scepticisme et qui font bravement leur devoir. Le tragique y côtoie le délirant. C'est le "désordre des jours", et tel que tout semble inaccessible et possible à la fois. L'amour, par exemple, d'une jeune femme déçue, Solage, à travers une liaison non moins imprévisible que les événements eux-mêmes. Des pages drôles, d'autres très graves. L'on sourit, l'on frémit. S'étreignent ici, fortement, fiction et réalité. Le tout mené sur un rythme de marche forcée. L'auteur a publié plus d'une vingtaine de romans d'action. Celui-ci l'est sans doute par la cadence mais la pensée accompagne l'allure et le style est d'une égale vivacité. A lire sans reprendre son souffle


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Après avoir passé les jours à contempler morosement la neige qui tombait et à se faire cuire à la cheminée, tristement, des pommes ou des châtaignes, en caressant parfois, distraitement, sa chatte Grisette qu'il aimait pourtant bien, il comprit brusquement lorsque dans la matinée du Jour de l'An il vit arriver presque en courant, mouchoir à la main et s'essuyant le visage, la grand-mère d'Henri qui frappa puis attira la mère de Julien à l'extérieur malgré les énormes copeaux qui tombaient. Les deux femmes chuchotèrent sur le pas de la porte.


Il prit Grisette dans ses bras et alla s'asseoir devant le feu, la caressant pensivement. Pas une larme. Révolte dans son jeune torse contracté. La chatte ronronnait doucement. Il songeait à ce jour de l'été où, alors qu'ils étaient paisiblement assis sur la berge de l'Orbiel, les pieds dans l'eau qu'ils faisaient clapoter, Henri avait dit brusquement:


sans effroi au corbillard argent et noir qui ne tarderait pas à venir dans le coin. Il abhorrait ce cheval déguisé de mort. Et cette sorte de charrette macabre. Il parvint à la barricade des Boches. Evidemment, les soldats étaient toujours là. Ils écartèrent le barrage et l'un d'eux laissa tomber:


Il éprouva un certain réconfort à retrouver la salle de classe, le gros poêle de fonte qui ronflait déjà, l'odeur caractéristique de papier, d'encre et de craie, et le constant Monsieur Zerein, l'instituteur dont la tranquille autorité faisait merveille tandis qu'il dictait aux uns pendant que d'autres se chamaillaient avec des verbes ou des tables de multiplication. Les mauvaises langues du village prétendaient que cet homme collaborait avec les Boches, simplement parce qu'il était Alsacien. Pendant la récréation sous le préau, car il neigeait sans désemparer


Les jours suivants, durant ses heures libres, Julien s'usa à marcher comme un forcené, allant par la rive du ruisseau jusqu'au triste moulin abandonné à près d'un kilomètre en amont, donnant de violents coups de pied à tout de ce qu'il rencontrait, bogues de châtaigniers, glands, marrons d'Inde, rares cailloux visibles, rarissimes boîtes de conserves rouillées depuis belle lurette, ... même aux troncs d'arbres. Cela faisait très mal parfois, mais ça faisait du bien.


11 Novembre. Autorités. Traditionnel dépôt de gerbes au pied du monument. Julien tapait des pieds. Le sol glacé mais aussi l'impatience. " Ça ne peut pas durer! songea-t-il une fois de plus. Je ne vais pas passer ma vie à faire ça! " Il se voyait à la cinquantaine bien sonnée comme son confrère Combaz, du " Dauphinois Libre ", contant jour après jour les menus faits de la vie annécienne, courant tous les soirs de commissariat en gendarmerie glaner les faits divers, espérant toujours du téléphone un petit quelque chose de nouveau, narrant les joies du conseil municipal ou général, racontant les séances du tribunal correctionnel ou des assises, décrivant les folichones péripéties d'un congrès national des " Gueules Cassées "... Jour après jour. Semaine après semaine. Mois après mois. Année après... Non, sincèrement, il ne se voyait pas. Un an et quelque que lui-même faisait ça en tant que correspondant du " Journal de Lyon " et il estimait que le temps venait de passer à autre chose. Il aimait écrire. Par-dessus tout. Il avait toujours aimé et su écrire. En cela, il avait été imbattable toutes ses études durant. Le décevant, c'était la matière... Oh! Il y avait bien eu le cas de la fillette égarée près du Grand-Bornand, et l'assassinat d'un concessionnaire de marque automobile par un notaire de la ville, mais d'une manière générale la copie qu'il devait envoyer tous les jours à Lyon n'était pas le reflet de faits ou méfaits sensationnels.



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Informations
Date :

14/12/2011


Langue :

Français


Pages :

560


Consultations :

5300


Note :
Format :

PDF / EPUB


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Résumé

Auteur : Olivier GUERRESTRES


Tags : Roman, Guerre d'Algérie, France
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